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Le puits fabuleux

À l'été de l’an 1095, Raimbaud II, Comte d’Orange, parcourait ses terres pour une dernière inspection avant son départ en Croisade. Il était déjà nostalgique de ses terres qu’il chérissait autant que ses sujets. Ces derniers le lui rendaient bien, sur son passage chacun, à sa mesure, lui faisait don de diverses denrées pour l’aider dans son voyage.

Raimbaud II d'Orange

Après une longue chevauchée sous un soleil ardent, lui et son cheval Aldran, furent accablés par la soif, ils arrivèrent alors au lieu dit du Clos de l’Escarrat où ils stoppèrent devant une humble chaumière. Là s’activaient Thibaude, ses parents, Valérie et Jeanne et ses deux frères, Clément et Jerphanion. La jeune fille reconnut immédiatement son seigneur lorsque celui-ci mit pied à terre. Elle posa prestement sa corbeille de linge, défroissa sa toilette, puis, d’une démarche gracieuse, elle se présenta à son seigneur avec une révérence soignée.

« - Comment puis-je vous aidez mon Seigneur ? - Pourriez-vous me tirer de l’eau du puits, ma monture et moi-même avons besoin de nous désaltérer ? »

Thibaude s’empressa de le satisfaire et, en remerciement, Raimbaud II lui offrit quelques pièces d’or. Alors qu’il s’apprêtait à remonter à cheval, il vit la jeune fille s’approcha du le puits et lui rétorquer :

« - Vous savez Messire, l’eau de ce puits est des plus pure, c’est pourquoi ceux qui s’en désaltèrent verront leurs vœux s’exhausser en échange de quelques pièces.

Et avant que Raimbaud II n’ait eu le temps de réagir, elle y laissa tomber toutes les pièces.

- Pourquoi fais-tu cela ? Tu aurais pu en profiter toi et ta famille !

- Sire, comme tout le monde ici, je n’ignore pas votre départ en Croisade. Je viens de souhaiter votre réussite à vous et vos compagnons d’armes, je ne souhaite que votre glorieux retour sain et sauf. »

Circonspect, Raimbaud II remonta sur Aldran et la salua une dernière fois avant de repartir. Toutefois il se retourna plusieurs fois vers la chaumière et la jeune fille toujours aussi interloqué.

Les années passèrent jusqu’en 1098 où il revint victorieux de son pèlerinage. Il avait guerroyé avec bravoure et audace et quelle récompense cet été-ci, de repartit enfin chevaucher sur ses précieuses terres de Provence. On ne sait si cela était délibéré ou non, mais ses pas le menèrent près du clos de l’Escarrat. Il y retrouva la charmante Thibaude penchée sur une broderie. Alertée par les bruits de sabots, elle leva la tête et aperçue le Comte. Son visage s’illumina alors du même sourire qui avait apaisé le cœur Raimbaud II pendant son périlleux voyage entrecoupée d’horribles batailles. Il lui demanda alors sa main et après un doux baiser, il l’emmena sur son cheval.

Ils vécurent une idylle passionné qui leur donna plusieurs enfants. C’est lors d’une épidémie ravageant la région qu’ils s’éteignirent terrassés par la fièvre. Ils s’enlaçaient encore l’un l’autre sur leur lit de mort. Même si, cette fois, l’eau merveilleuse ne put les sauver, leurs âmes amoureuses s’accrochèrent à la margelle du puits du Clos de l’Escarrat et elles y séjournent toujours.

La légende ne s’arrête pas là car, en 1678, un fermier nommé Abel Gondrand voulu curer le puits lors de la grande sécheresse. Il y trouva une telle quantité d’or qu’il se lança dans la construction d’une belle bastide : Le Mas du Clos de l’Escarrat.

Nous ne sommes sûres de rien concernant la date de mort de Raimbaud II d’Orange, 1097, 1115 ou encore 1121, revint-il de Terre Sainte ou non ? Les historiens s’accordent difficilement au vu du peu d’écrits disponible au sujet de sa maison. Il est toutefois le premier comte d’Orange clairement identifié, mais il sera aussi le dernier de sa maison, laissant un fils sans postérité et une fille. Les questions demeurent donc et les sources disponibles manquent. Il est donc difficile de confirmer la légende dans ses conditions. Mais notons d’aucune Thibaude n’est citée dans les archives connues et que sa femme supposée se prénomme Rixende.

Toutefois, notons une étymologie assez proche entre le prénom Thibaude et celui de la fille de Raimbaud II : Thiburge, seule et unique héritière du comte. Elle est nommée comtesse d’Orange en 1115 dès le supposé retour de son père des Croisades car celui-ci s’établit alors à Nice, ou décède au combat contre les Maures selon les versions. Elle a beaucoup contribué à l’agrandissement et la rénovation de la ville d’Orange en faisant construire plusieurs faubourgs et de par son mariage avec Guilhem d’Aumelas elle est à l’origine de la lignée des princes Guillaume d’Orange.

Une autre supposition s’est présentée à nous lors des recherches étymologiques ce coup-ci, car le prénom Thibaude nous vient du germanique Theudbald : « theud », peuple et « bald », courageux. Une signification peu négligeable au vu de l’histoire, et une piste envisageable. D’autant que les prénoms de la famille de la dame sont tout autant symboliques : se monter courageux (Valère), Dieu Miséricordieux (Jeanne), douceur et bonté(Clément).

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