Mortelle jalousie
C’est une bien triste histoire de jalousie qui nous parvient de Grèce aujourd’hui. Elle nous parle non pas de mythologie mais des figures sculptées sous les colonnes de la porte de l’aile Nord de l’église de la Vierge d’Ekatonapyliani située sur l’île de Paros dans les Cyclades Grecques. Déplacée pendant la restauration de 1959, la porte monumentale était auparavant la grande porte centrale de l’église. Toute de marbre grec, son style reste assez particulier, surtout pour l’époque, le IVe siècle. Les deux colonnes qui l’entourent reposent sur deux figures humaines entourées de légendes. Elles représenteraient respectivement un maître et son disciple.
Alors que le maître, bâtissait Sainte-Sophie de Constantinople, le disciple s’appliquait à bâtir l’église de la Vierge d’Ekatonapyliani. Quand ce dernier eut achevé son ouvrage, fier de lui, il le présenta à son maître. Ils en firent le tour, et d’abord surpris par la perfection de l’ouvrage, le maître finit par jalouser son disciple. La première construction de son disciple était bien trop parfaite et il se persuada que le talent de son apprenti finirait par lui faire ombrage. Il se mit en tête de l’éliminer avant qu’il ne soit trop tard. Rusé, il prétendit vouloir inspecter le toit car il y voyait, d’après lui, une dangereuse erreur de construction. Une fois au sommet, le maître poussa son disciple pour mettre fin à toute concurrence mais le disciple s’accrocha in extrémis à son mentor et l’entraina dans sa chute. C’est ensemble qu’ils s’écrasèrent devant la porte de l’église et y moururent. C’est, dit-on, en leur honneur que l’on sculpta les deux personnages à la base des colonnes.
Malheureusement, les recherches archéologiques ont montré qu’il s’agissait là d’une supercherie car les deux figurent sont en réalité deux satyres issus d’un antique sanctuaire dédié à Dionysos.
En revanche, la légende entourant le nom de l’église ne peut actuellement pas être vérifié car l’appellation de l’église d’Ekatontapiliani ou Katapoliani dérive du terme « katapola » qui signifie « vers la ville ». Mais le nom officielle de l’église aujourd’hui est « Ekatontapiliani » soit « la Vierge Marie au 100 portes », car d’après ce que l’on dit, « Katapoliani a quatre-vingt-dix-neuf portes visibles tandis que la 100e porte est fermée et invisible. Elle n’apparaitra et ne s’ouvrira que quand les Grecs occuperont Constantinople révélant ses mystères. » Seule une conquête grecque pourrait donc confirmer la légende.