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Le saviez-vous ? Le Diable a 4 cornes

En Savoie, dans la vallée de la Maurienne, on vous indiquera que le Diable ici a 4 cornes. Celui-ci rôdait souvent dans la vallée jusqu’à ce qu’il se fasse ridiculisé en acquérant ces deux cornes supplémentaires. C'est toute une histoire...

Vue du fort Victor-Emmanuel depuis la Redoute Marie-Thérèse

Cela c’est passé il y a quelques siècles déjà, quand l’armée eut besoin d’un pont reliant leurs fortifications : la Redoute Marie-Thérèse et le fort Victor-Emmanuel. Ils donnèrent le contrat à un bâtisseur du coin, un certain Joseph du village de Bessans. Les termes étaient simples : finir le pont avant l’hiver et toucher le salaire ou l’emprisonnement voir pire avec la déportation en Piémont.

Mais l’hiver était en avance cette année là et les travaux, qui n’avançaient d’ors-et -déjà pas assez vite, prenaient de plus en plus de retard. On ne sait trop pourquoi, mais peut-être de peur ou de fatigue, ses ouvriers l’abandonnèrent 2 jours avant la date de livraison. Le coup fut dur pour Joseph car il ne pouvait pas, évidement, finir seul un tel ouvrage. Le désespoir le fit tomber à genoux et implorer une aide surnaturelle :

  • Que va-t-il m’arriver ? Ce pont sera mon arrêt de mort, Dieu seul sait si je pourrais un jour remonter vers mon village et y retrouver ma femme ! Que dis-je Dieu ? Seul le Diable pourrait me venir en aide…

C’est alors qu’apparu un homme, coiffé d’un chapeau à large bord de l’époque, semblant venir de Modane par la route. Il s’approcha de Joseph et le questionna :

  • Eh bien l’ami, pourquoi se lamenter ainsi ?

  • Oh étranger, voyez ma misère ! Je dois finir ce pont avant demain et mes ouvriers voyant que le travail n’avançait pas mon abandonné.

  • Cela peut toujours s’arranger, je ni vois rien de bien grave.

  • Mais la tâche m’est impossible seule et l’on me menace de me jeter en prison !

  • Allons, tu as appelé le Diable pour te secourir et il n’est pas du genre à abandonner quelqu’un dans l’embarras. Il m’envoie t’aider, signe moi ce papier et je t’éviterai la prison : ton pont sera achevé à l’heure dite et toi tu pourras revoir Bessans avec ta famille dans l’honneur et les écus.

Joseph n’était pas très rassuré et il prit le temps d’y songer. Mais son avenir en prison ne l’enchantait guère de toute façon...

  • Marché conclu, mais cela me semble trop beau. Que me prendras-tu en échange ?

  • Je désire la première personne qui passera sur le pont pour l’offrir à mon Maître.

Notre bâtisseur fut horrifié par une telle proposition, mais toute ses peurs cumulées, il hésita puis signa finalement. Et sans retourna à Bessans y retrouver son foyer. Sa femme, Marie, vit bien que son époux était songeur et triste. Elle le poussa alors à force de questions à lui raconter toute l’histoire.

  • Soyons optimiste, il doit bien y avoir une solution pour truander le Diable.

C’est ensemble qu’ils prirent la route vers le pont le lendemain, et la surprise fut de taille : un magnifique pont tout en pierre de taille enjambait l’Arc de plus de cent mètres au-dessus de l’eau. Mais de l’autre côté ils y virent le démon avec ses dents longues et sa crinière de lion d’où lui sortaient deux grandes cornes ; il attendait son sacrifice.

  • Diantre ! Tout était vrai, le pont et là mais le Diable aussi ! Qu’allons-nous faire ? J’entends déjà monter le cortège de Modane !

Fort Victor-Emmanuel

Joseph disais vrai, le régiment arrivé et à sa tête un petit tambour, un enfant d’une douzaine d’années si fière d’avoir était choisi pour guider le cortège.

Marie se refusa de voit ainsi ce jeune enfant condamné. Regardant frénétiquement à droite et à gauche, submergé par la panique, elle aperçut non loin de là un troupeau de chèvres broutant tranquillement. Parmi eux, un bouc ! Un énorme bouc noir aux cornes redoutables ! L’idée lui vint alors, tout en courant vers le troupeau, elle ramassa un bâton avec lequel elle écarta les chèvres. Arrivée derrière le bouc, Marie, qui savait y faire, lui donna un tel coup que l’animal fila en direction du pont. Le bouc stoppa net en voyant la bête de l’autre côté…

Pensant qu’il s’agissait certainement là d’un autre bouc qui en voulait à ses chèvres à cause des deux cornes, le mâle se mis en position d’attaque. Il se rua ensuite si fort sur le monstre que ses deux cornes traversèrent le crâne de la bête et y restèrent plantées, donnant ainsi 4 cornes au Diable avant que celui-ci ne disparaisse.

On ne vit plus le Diable dans la vallée, mais de ce dernier en est resté le souvenir des 4 cornes dans la mémoire des gens du coin malgré les années. Le pont lui a fini par s’écrouler, et ce depuis longtemps. Il est aujourd’hui remplacé par une passerelle de fer qui s’appelle toujours : « Le Pont du Diable ».

Le Pont du Diable

Le Diable à 4 cornes, un symbole de Bessans

Mais voilà, ceci n’explique toujours pas pourquoi les sculpteurs bessannais aiment tant tailler ce diable et pourquoi il est si présent dans le village. Au siècle dernier, vivait un Chante qui était aussi un sculpteur de Saints renommé : Étienne Vincendet dit « Étienne des Saints ». Celui-ci, fut, comme tous les autres chantres très en colère contre son curé quand ce dernier supprima le repas annuel en 1857. Etienne tailla alors un affreux, à quatre cornes donc, qui emporté un curé ! La statuette fut ensuite déposée sur le pas de la porte du presbytère, mais en la voyant le lendemain matin, le curé se doutait bien de la provenance de l’objet. Il l’a rapporta donc à son auteur, le déposant sur sa fenêtre et pendant un mois les deux hommes continuèrent ce manège, bougeant la statuette toutes les nuits. Mais l’artiste se lasse et l’abandonne sur le rebord de sa fenêtre jusqu’à ce qu’un homme de passage dans le village l’aperçoive et lui propose de la racheter. Un bien beau début à la grève des chantres entamée cette année là. La statuette créa aussi une nouvelle expression au village : « breutt héme lo guiablo », laid comme le diable.

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